Les habitants des quartiers Abokicodji, Dédokpo, Kpankpan, Midombo, Adogléta, Hlacomey et Agbato ne passeront pas le réveillon du nouvel an dans la joie. Leur unique préoccupation depuis le 24 décembre 2024 est liée à cette opération de libération de la berge Est de la lagune de Cotonou.
En effet, c’est dans l’effervescence des fêtes de fin d’année que le communiqué qui renseigne sur la nature de l’opération a été rendu public. Si les principaux concernés sont informés depuis longtems, ils n’ont jamais imaginé que c’est en pleine période de fête que le gouvernement enverrai les bulldozers pour nettoyer la berge concernée.
Selon le communiqué, l’ultimatum c’est le 6 janvier 2025, dans moins de 10 jours pour être plus précis.
Inutile de rappeler que c’est la psychose générale chez les habitants. Comment organiser un déplacement dans un délai aussi court ? Mieux, en pleine année scolaire, quels sont les impacts de ce déguerpissement annoncé sur les apprenants ? Idem pour les parents qui ne savent d’ailleurs pas à quel Saint se vouer.
Dans le désespoir et le coeur meurtri par la nouvelle, les populations des quartiers concernés ont organisé une réunion ce dimanche 29 décembre 2024.
L’objectif de cette rencontre est clair. Il s’agit de solliciter la clémence du Chef de l’État , Monsieur Patrice TALON, du ministre du cadre de vie, Madame la ministre des affaires sociales et le ministre de la décentralisation.
Leur cris de détresse recevront-ils un échos favorable auprès des autorités à divers niveaux ? Rien n’est moins sûre sous ce régime qui ne recule devant aucun obstacle pour donner corps à ses ambitions. Des cas sont légions un peu partout dans la république sauf que ici, c’est le timing qui rend l’opération projetée suicidaire.
Rappelons qu’il s’agit d’un projet de valorisation des berges et la première phase a abouti en 2022 à la libération, l’éclairage et la sécurisation de la berge Ouest, côté marché Dantokpa. Malheureusement, depuis bientôt trois ans, aucun signe annonciateur d’un projet n’est perceptible à part les fils de fer barbelés pour sécuriser la berge libérée.
Dans la foire aux réactions, il y a deux déclarations qui constituent l’émanation de toutes les craintes ou appréhensions actuelles.
<< Si les actions de déguerpissement pouvaient être reportées jusqu'aux prochaines vacances scolaires, cela permettrait aux élèves de terminer l'année académique en cours et offrirait aux parents le temps nécessaire pour trouver des solutions viables quant à la continuité de l'éducation de nos enfants >>, a laissé entendre Gnonse Kpadonou Pierre, conseiller municipal de la ville de Cotonou.
Pour sa part, le Chef quartier Abokicodji lagune, Monsieur Délé Razack Dandjinou a dit :
<< Nous saluons les réformes d'assainissement engagées par notre Président Patrice TALON mais nous sommes à genoux et avec les larmes aux yeux pour qu'ils nous accordent un délai pour libérer les espaces de la berge lagunaire >>
Le philosophe René Descartes disait : << Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.>> Le bon sens ici voudrait que les autorités tiennent compte du volet social pour ne pas enfoncer davantage de milliers de familles dans une précarité suicidaire.
Ignace NATONNAGNON
