Répression des infractions routières: Le prix de casques grimpe, les populations éprouvent de difficultés à s’en procurer

Société

Depuis le 1er mars 2024, la Police Républicaine a entamé la répression des infractions liées au Code de la route, notamment le non port de casque des motocyclistes et de leurs passagers. Dans la ville de Cotonou et ses environs, les populations peinent à s’adapter du fait du prix de casques qui a connu une hausse vertigineuse en l’espace d’une semaine. Au détour d’une descente de la rédaction de ‘’ OXYGENE’’ sur le terrain, dans la matinée  de ce lundi 04 mars 2024, vendeurs de casques, motocyclistes et passagers se plaignent et font un appel aux autorités.

J-M H.

Le refus du port de casque de tout motocycliste et de son passager est désormais réprimé sur toute l’étendue du territoire national. A Cotonou, le constat n’est pas encore totalement satisfaisant. Il est toujours observé certains conducteurs de moto, en l’occurrence les taxi-motos communément appelés ‘’ zémidjans’’, avec des usagers qui n’ont pas cet outil de sécurité et de protection sur la tête. La raison fondamentale évoquée est la cherté du casque. « J’aurais pu le prendre depuis. J’ai été surpris du prix du casque qu’on prenait à 5000 FCFA », s’est plaint Alfred Hounsounou rencontré à quelques mètres du carrefour Fidjrossè qui, du fait qu’il n’avait le casque sur lui, était évité par les conducteurs de taxi-moto. « J’ai fait pratiquement 30 minutes debout ici. Je les arrête mais pour défaut de casque, ils refusent de me prendre », a-t-il confié. Il est heureux de voir quelques-uns des motocyclistes accrocher un second casque à leurs motos.

Des vendeurs ambulants de casque à Cotonou.

Mais tout le monde n’accepte pas le mettre du fait de risque de maladies. « J’ai pris au moins trois qui ont refusé de mettre mon second casque. A l’approche des policiers, j’étais obligé de les faire descendre pour les reprendre à quelques mètres après. Le premier m’a dit que c’est trop vieux. Pour les deux autres, ça pourrait leur transmettre des infections », s’est prêté Kokou Médard au micro de ‘’OXYGENE’’. A en croire ce jeune homme rencontré à Tokpa, c’est à cause de la flambée du prix des casques qu’il n’a pas encore acquis un neuf pour ses clients.  Dans ses explications, Fiacre Agbodjo qui avait son épouse derrière la moto, a fait comprendre que le casque qu’il avait pris à 9.000 FCFA est vendu aujourd’hui à 13.000 FCFA. Face à cette situation, il dit attendre un bon moment avant de procurer un casque de qualité à sa femme qui prend pour l’heure.

Mais qu’est-ce qui explique la hausse du prix de casques ?

Une responsabilité que rejettent les vendeurs. Les prix des différents casques ont presque doublé à Cotonou. De 5000 FCFA, on est passé à 8000 FCFA ou de 10.000 FCFA à 15.000 FCFA. Le plus ahurissant est que dans la ville économique du Bénin ces prix varient suivant les lieux de vente, on dirait que chaque vendeur fixe le prix qui lui convient sans tenir compte des réalités du marché. Dans une boutique de vente de motos et de casques non loin de la société SONIMEX, Amed   LAISSI, la trentaine, a fait comprendre que l’augmentation des prix s’explique par la forte demande, la multiplicité des vendeurs occasionnels une fois que la répression lancée. « Même chez les grossistes à Tokpa le prix a grimpé. Donc on est obligé d’augmenter pour éviter des pertes », a-t-il souligné. Si lui vend ses casques à 7000 FCFA, 9000 FCFA… selon la qualité, un « baba » qui se trouve à une trentaine de mètres de lui, a décidé de céder les siens respectivement à 9.000 FCFA et 12.000 FCFA. A l’Etoile Rouge, Yacouba Boubacar qui vend d’habitude des ‘’incassables’’ et autres accessoires de téléphone portable, a décidé de se faire la manne financière suite à l’injonction de son père, a-t-il dit. « Je ne vendais pas ça. Voilà mon pousse-pousse à côté. C’est mon papa qui m’a recommandé ça. Je vends mon casque à 8000 FCFA. Ceux qui sont là-bas font de même. On ne vendait pas ça », a-t-il expliqué.

Mais que fait l’Etat pour aider les citoyens dans cette situation ?

Cette question pourrait être sans réponse. Mais toujours est-il que le besoin est pressant pour ces concitoyens qui ne disposent assez de sous pour avoir cet outil de protection afin d’éviter des cas de traumatismes crâniens en cas d’accident, qui pourraient d’ailleurs conduire à la mort. Ces Béninois abordés n’ont pas, à cet effet, manqué d’appeler les autorités au secours. « La Police Républicaine n’a qu’à ramener ces vendeurs véreux à l’ordre », a invité l’épouse de Fiacre Agbodjo cité plus haut. Par ailleurs, cette réforme vient mettre en cause l’habitude séculaire des Béninois, celle qui consiste, en tant passager sur une moto, à ne jamais mettre le casque. Ce qui explique la peine de plus d’un à s’en procurer. Il ne faudrait pas aussi perdre de vue la difficile situation financière des populations à joindre les deux bouts. De ce fait, l’Etat pourrait subventionner ces casques ou même en réduire raisonnablement les taxes sur l’importation pour permettre à tous les Béninois de l’avoir.   

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