Policiers et populations, deux entités appelées à cohabiter en parfaite harmonie dans le respect strict des lois de la République se regardent désormais en chien de faillance. Du sud au nord et de l’Est à l’ouest, plus une seule journée sans son lot de dérives ou bavures policières ou d’agents assermentés malmenés par des populations en courroux. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est bien évidemment la campagne de répression des infractions liées au code de la route en cours, notamment le défaut de casque.
Si globalement l’opération s’est bien déroulée jusqu’à fin mars 2024, elle est devenue carrément »une chasse à l’homme » dans certaines contrées depuis quelques jours. Les séquences vidéos qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux renseignent à suffisance sur le niveau d’inimitié entre policiers et populations. À Natitingou, une demi douzaine de policiers s’acharnèrent littéralement contre un citoyen. Selon des témoins, tout serait parti d’une simple interpellation pour défaut de casque qui a tourné au vinaigre. À Cotonou, c’est un agent nostalgique de la série 24heures chrono qui s’est retrouvé volontairement, le temps d’une escapade dangereuse, dans la peau de Jack Bauer. En effet, agrippé à la portière d’un mini bus communément appelé » Tokpa tokpa », le policier disputait le volant avec le chauffeur en pleine circulation sous les cris désaprobateurs des passagers désabusés. Ailleurs, c’est un Sergent qui se fait malmener par des populations. Ce policier aurait battu à sang un usager de la route pour des motifs que nous ignorons encore.
En clair, la violence est montée en intensité entre deux entités appelées à collaborer au quotidien. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui pourrait justifier cette haine soudaine contre des agents assermentés ? Comment expliquer les dérives de certains policiers qui ternissent l’image de l’institution qu’ils incarnent ? Et pourtant, l’article 19 de la Constitution est clair et sans ambiguïté : << Tout individu, tout agent de l’État qui se rendrait coupable d’actes de torture, de sévices cruels, inhumains ou dégradants dans l’exercice ou a l’occasion de l’exercice de ses fonctions, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera sévèrement puni conformément à la loi. >>
Heureusement, la Direction générale de police républicaine a réagi promptement à travers un communiqué qui signale des sanctions prononcées contre les »zélés ». Ceux-là qui ont oublié volontairement ou inconsciemment, la notion de »courtoisie dans la fermeté » lors de l’accomplissement de leurs missions. Les sanctions disciplinaires prononcées ainsi que les poursuites judiciaires engagées arrivent à temps pour faire baisser la tension de part et d’autre.
Le gouvernement est appelé à réagir et celà ne saurait tarder car, certains Députés se sont fait les portes voix de leurs mandants en cherchant à voir clair. Ceci, à travers des questions orales.
« Quelles sont les modalités et l’étendue du contrôle du port des casques ? Doivent-ils être portés pendant qu’on est debout en train de causer ou uniquement pendant qu’on est en circulation ou pendant qu’on est dans sa chambre ? Doit-on les porter sur le lieu de travail ? Ou lorsque la moto est garée devant vous, vous devez avoir le casque sur votre tête ? « , demande par exemple le député Abdoulaye Gounou du Bloc Républicain.
En attendant les éclairages du gouvernement, n’oublions jamais, les agents des forces de défense et de sécurité sont là pour nous protéger. Mieux, pour réussir leurs missions, ils ont besoin de la population. En cas d’impairs, puisque des brebis galeuses ne manquent dans aucune corporation, des voies de recours existent pour se faire entendre car, nul n’a le droit de se faire justice.
Ignace NATONNAGNON