Peu connu dans l’arène sportive malienne et africaine, Ibrahim Konaté est pourtant un grand champion avec un palmarès exceptionnel. Devenu ambassadeur de la Fédération internationale de boxe française en 2019, le Franco-malien décrypte le parcours de l’Afrique dans ces JO.
Double champion du monde (2011, 2017) et vainqueur du championnat d’Afrique 2018 en boxe française, champion du monde en Viet vo dao en 2013…, Ibrahim Konaté revendique la première place des médaillés franco-maliens dans des disciplines tel que le Kick Boxing, la Boxe thaï, le Full Contact, la Boxe Anglaise, le Karaté Contact et Full Contact, le Viet Vo Dao et le Vo Tu Do.
Ayant défendu les couleurs du Mali au tournoi qualificatif pour les olympiades de Londres 2012, le natif de Sarcelles a affirmé suivre avec intérêt le parcours des Africains à Paris.
Regrettant l’absence d’un pays africain dans le top 20 du tableau des médailles, Ibrahim Konaté a évoqué les points noirs qui empêchent le continent de briller.
« On voit surtout des pays comme la France, les USA ou encore la Chine se transcender. Ils performent dans beaucoup de disciplines. Ce qui n’est pas le cas avec les pays d’Afrique. Nous n’arrivons pas à rivaliser avec l’Europe, l’Amérique et l’Asie parce que nous n’avons pas les mêmes moyens qu’eux.
Ce sont des pays qui ont des préparateurs physiques, des prédateurs mentaux, des équipements sportifs high-tech, des infrastructures sportives ultra modernes… Ce qui manque cruellement en Afrique », a-t-il déploré.
Avant de regretter les contre-performances de son pays d’origine, qui n’a plus qu’un seul athlète encore en lice sur 23 engagés.
« Le parcours du Mali est très triste. L’élimination de nos athlètes dès le premier tour prouve qu’il y a énormément de travail à effectuer. Et il serait bien d’impliquer la diaspora malienne dans la gestion.
En ce qui me concerne, j’ai eu chance d’apprendre beaucoup sur le sport en France et je souhaiterais retourner chez moi pour pouvoir enseigner des jeunes sportifs et les aider à performer ».
Selon ce spécialiste des arts martiaux, l’Afrique dispose également de nombreux atouts pour jouer les premiers rôles aux Jeux Olympiques.
« Nous avons des talents et avec très peu de moyens, nous arrivons à décrocher quelques médailles. Ce qui est déjà valorisant et encourageant.
Nous sommes des battants et nous sommes capables de réaliser de bonnes performances, même sans confort. Cependant, il faut un minimum de soutien et de suivi », a-t-il soutenu.
Aujourd’hui, le champion révèle qu’il a un projet en vue pour l’Afrique : « En tant qu’Ambassadeur de la Fédération internationale de boxe française, je suis en charge du développement sur le territoire africain et d’Amérique latine.
Je vais beaucoup me pencher sur le continent africain dont les sportifs ne demandent qu’à ce qu’on les aide à réussir.
Ils peuvent compter désormais sur moi. Je vais mobiliser d’autres athlètes de la diaspora comme Momo Sissoko pour former un collectif.
Il est vraiment inadmissible que de simples paires de gants de boxe se prêtent toujours en Afrique en 2024. En plus d’offrir des équipements sportifs, il faut que nous ramenions aussi nos expertises » a-t-il insisté.
Pour bâtir ce futur collectif des anciens sportifs de la diaspora africaine, Ibrahim Konaté annonce l’établissement d’un plan d’actions avant les prochains Jeux Olympiques.
« A Los Angeles 2028, nous devons proposer plus d’athlètes bien préparés et capables de performer. Pour insuffler une nouvelle dynamique au sport africain, il faut vraiment une réelle interconnexion avec les autorités sportives du continent », a-t-il précisé.
En attendant son jour de gloire, l’Afrique est à la traîne aux Jeux de Paris avec seulement 13 médailles glanées en 12 jours de compétition. Très loin de l’objectif annoncé par l’ACNOA : récolter au moins 50 médailles.
Avec Sory Ibrahima COULIBALY
L’Indépendant – Mali
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