Après la forfaiture orchestrée dans la nuit du 12 au 13 août 2024 dans un quartier de Lomé par un groupe d’individus venus du Bénin, la réaction des autorités togolaises était très attendue. Elle est enfin venue, après une minutieuse investigation loin des regards indiscrets. À travers un communiqué du Procureur de Lomé rendu public dans la soirée du dimanche 25 août, l’opinion publique nationale et internationale savent un peu plus sur le modus operandi des kidnappeurs et surtout leurs réelles identités.
Cette réaction tant attendue a déclenché un tourbillon réactionnel sur les réseaux sociaux depuis hier nuit.
Logiquement, les médias traditionnels ont traité le rebondissement dans cette affaire qui devient visiblement une nébuleuse aux contours et aux conséquences préjudiciables pour la paix et l’harmonie entre béninois et togolais. En effet, avec un peu de recul, loin des réactions partisanes, plusieurs certitudes se dégagent dans cette affaire suite à la réaction de la partie togolaise. Première certitude, le Bénin a agi de façon solitaire dans sa quête de mettre la main sur Frère Hounvi ou Steve Amoussou. Les complices au pays de Faure Gnassingbé ont été formellement démasqués et une procédure judiciaire est enclenchée contre eux.
En ce qui concerne le »gang », bras opérationnel de cette mission délicate sans aucune couverture des officiels togolais, c’est un véritable dilemme. Il s’agit de gens bien connus malheureusement. Pour avoir choisi d’opérer en solo, cette opération ne devrait pas normalement susciter autant de bruits. Mieux, pour les spécialistes, ils n’agissent pas pour que leurs identités soient découvertes moins de deux semaines après l’acte. Plus on avance dans cette affaire, plus il y a des zones d’ombres à éclaircir. Nos services secrets ont-ils commis une bourde dans la conduite de cette mission ? Il y a-t-il toujours des taupes dans le dispositif qui servent des intérêts opposés ? Le communiqué togolais avec des précisions déroutantes peut-il se révéler être un ramassis d’informations non vérifiées comme tentent de faire croire certains »aboyeurs » locaux ?
Curieusement, aux dernières nouvelles, la plupart des personnes nommément citées ont supprimé leurs comptes Facebook. Se reprochent-ils quelque chose pour décider du jour au lendemain, au cœur de la sinistrose, de se rendre invisibles sur les réseaux sociaux ? Trop tard comme dirait l’autre. Interpol est saisie… Le Togo a délivré des mandats d’arrêts internationaux. Dans ce jeu de ping pong désormais, tous les regards sont tournés vers Cotonou. De toute évidence, le supposé Frère Hounvi a été appréhendé mais, ce dossier avec autant de vices de forme risquent d’envénimer davantage les relations déjà en déliquescence entre Talon et Faure.
À quoi doit-on s’attendre à présent de part et d’autre ? Steve Amoussou qui nie être le fameux Frère Hounvi, des complices de l’arrestation de Steve Amoussou incarcérés à Lomé. Des mandats d’arrêts internationaux délivrés contre des citoyens béninois formellement identifiés et qui seraient auteurs de l’enlèvement, que dis-je, du rapt spectaculaire orchestré du 12 au 13 août 2024 dans la capitale togolaise… Sans oublier le cas des taupes dans l’environnement immédiat du Chef de l’État qui abreuvent les forces alternatives d’informations crédibles.
Tous les ingrédients sont présents pour épicer une fin de règne qui s’annonce très mouvementée. L’ancien président Boni Yayi a dû gérer des situations de fin de règne identiques. L’affaire Steve Amoussou en est une parmi tant d’autres à venir pour le chantre de la rupture. Sans nul doute, il s’agit d’une véritable quadrature du cercle, pire, un os dans la gorge des gouvernants. Qu’Allah nous épargne du pire !!!
Ignace NATONNAGNON
