La tension était palpable ce lundi 7 avril 2025 à la CRIET. Steeve Amoussou, accusé d’être derrière les chroniques de la page “Frère Hounvi” s’est présenté devant les juges avec une posture à la fois ferme et lasse. Habillé simplement d’une chemise, d’un jean noir et de baskets, il a fait face aux accusations avec une voix claire mais chargée de frustration.
«Je suis Steeve Amoussou. Pas Frère Hounvi», a-t-il lancé, dénonçant une confusion qu’il qualifie de volontaire entre lui et l’auteur anonyme des publications. Il a même soutenu que ces fameuses chroniques avaient aidé la police dans certaines opérations contre le trafic de drogue. Mais ce qui a surtout touché les esprits, c’est le ton humain, presque désespéré, qu’Amoussou a pris en évoquant ses conditions de détention et son retour au pays. Il raconte être revenu au Bénin «en t-shirt, culotte et sans chaussures», après ce qu’il décrit comme un enlèvement et des mauvais traitements. Pendant près de quatre mois, son appartement aurait été minutieusement fouillé, sans qu’aucune preuve concrète ne soit trouvée et exposée. Aujourd’hui, face au tribunal, il dénonce ce qu’il appelle une inversion des rôles: «On me demande de prouver mon innocence alors que c’est à l’accusation d’apporter des preuves», a-t-il martelé. Ses avocats, Me Baparapé et Me Yansunnu, ont eux aussi tiré à balles réelles sur le dossier, dénonçant une justice qui, selon eux, bafoue les droits les plus élémentaires.
Une question, lourde de sens, a été posée par le président de séance: pourquoi Amoussou a-t-il été agressé le 12 août 2024 ? Steeve a servi comme réponse: «Je ne sais pas. Depuis que cette affaire a éclaté, tout est flou autour de moi». Pour lui, tout cela relève d’un acharnement injuste. Il assure n’avoir jamais produit les chroniques audiovisuelles et insiste sur le fait qu’il était en isolement au moment de leur diffusion. « Est-ce moi qui les ai postées depuis ma cellule ? », ironise-t-il. L’audience a été suspendue, les réquisitions et plaidoiries sont attendues pour le 14 avril prochain.