A l’instar de l’athlétisme, le taekwondo se distingue comme l’une des disciplines emblématiques des JO. En pleine expansion à l’échelle mondiale, ce sport occupe une place prépondérante en Afrique. Mais quelle est la valeur réelle du taekwondo sur le continent ?
Rio 2016, finale des moins de 80kg. Plus que quelques secondes encore avant la fin du combat. Mené 6-4 par le Britannique Lutalo Muhammad, Cheick Salah Cissé n’a plus le choix. L’Ivoirien exécute un coup arrière spectaculaire à la tête de son adversaire.
Quatre points supplémentaires pour l’Eléphant, c’est gagné ! Ce geste, réalisé dans l’urgence du combat, permet à l’Ivoirien -c’est une première- de décrocher l’or olympique. Un succès considéré comme le point de départ du développement du taekwondo africain.
Après avoir été présenté comme sport de démonstration à deux reprises, à Séoul en 1988 puis à Barcelone en 1992, le taekwondo a effectué son entrée au programme olympique lors des Jeux de Sydney en 2000,
Lors de cette première édition officielle, plusieurs pays africains qualifient des athlètes, notamment la Côte d’Ivoire avec N’Guessan Sébastien Konan (-80 kg), le Maroc avec Younes Sekkat (-57 kg) et l’Égypte avec Shimaa Afifi (-67 kg).
Disciplinaire originaire de Corée du Sud, le taekwondo africain connaît une première percée grâce au Gabonais Anthony Obame, qui obtient la première médaille olympique africaine -en argent- à Londres en 2012.
La discipline va dès lors beaucoup gagner en popularité en Afrique à la suite de la médaille d’or olympique de l’Ivoirien Cissé Cheick Salah quatre ans plus tard.
« A partir de Rio en 2016, le taekwondo africain a commencé à briller et à glaner des médailles olympiques. Depuis lors, il connaît une croissance », explique Alioune Traoré, le Président de la Fédération Malienne de Taekwondo.
En Côte d’Ivoire, le nombre de licenciés ne cesse de grandir : de 16 000 à plus de 46 000 en une dizaine d’années au point que l’art martial devient le deuxième sport du pays après le football. Les succès de Cheick Salah Cissé et de Ruth Gbagbi y sont pour beaucoup.
Au Niger, avec l’icône Alfaga Issoufou, médaillé d’argent olympique à Rio 2016, le taekwondo connaît une ‘’explosion’’en termes de licenciés. À ce jour, la base de données de la fédération nigérienne de taekwondo compte 60 000 pratiquants licenciés.
Grâce à ce leader naturel, la Fédération s’est structurée en mettant en place une politique permanente de recensement des pratiquants licenciés. A Niamey, le taekwondo occupe la deuxième place en termes de pratiquants derrière la lutte traditionnelle, selon Mohamed Alfa Zazi, le secrétaire général de la fédération.
Au Mali, le taekwondo apparaît à la troisième place des disciplines sportives après le football et le basketball, avec 30 000 licenciés.
« En termes d’organisation formelle, à l’exception de l’Érythrée qui se met tout juste en place, tous les pays disposent de structures de développement de taekwondo. Ces fédérations peuvent sembler faibles, mais elles existent et travaillent » précise Alioune Traoré. Confiant, il ajoute : “Dans les années à venir le taekwondo africain sera en pôle position’’.
De Dakar à Niamey en passant par Libreville, Bangui, Kinshasa, Le Caire et
les pays du Maghreb, partout le taekwondo gagne en licenciés et en pratiquants. Le temps de la découverte a cédé la place à celui des conquêtes.
Avec Ange Kouadio
L’Intelligent d’Abidjan- Côte d’Ivoire
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