Réunis à Grand-Popo depuis le 30 juin 2025, les parlementaires béninois travaillent à la révision de la loi de 2006 sur le VIH/Sida. Objectif : adapter le cadre juridique aux avancées scientifiques, aux exigences des droits humains et aux réalités sociales actuelles, à cinq ans de l’échéance des objectifs mondiaux de développement durable.
Dieudonné SODABI
L’atelier stratégique organisé par le Programme Santé de lutte contre le Sida (PSLS), en collaboration avec l’Institut parlementaire du Bénin (IPAB) et le soutien de l’ONUSIDA, mobilise une trentaine de députés et cadres parlementaires autour de l’enjeu crucial qu’est la réforme de la loi n°2005-31. Jugée obsolète face aux mutations épidémiologiques et sociétales, cette loi devrait faire place à un nouveau texte, plus adapté aux réalités actuelles.
Le Dr Romaric Akpovo, directeur adjoint de l’IPAB, a salué l’engagement des élus, soulignant la nécessité d’actualiser la législation pour atteindre les objectifs 2030. De son côté, Dr Diallo Yayé Kanny, directrice pays de l’ONUSIDA, a rappelé les progrès réalisés — 46 % de baisse des nouvelles infections et 55 % des décès — tout en dénonçant les barrières persistantes : stigmatisation, lois répressives, inégalités de genre. Elle a insisté sur la pertinence des objectifs 10-10-10, destinés à éliminer ces obstacles, et appelé les députés à renforcer leur rôle dans l’élaboration d’un cadre plus juste et plus efficace.
Vers une loi fondée sur les droits humains
Selon Dr Anita Wadagni, Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLSTP), la future loi devra impérativement renforcer la protection des personnes vivant avec le VIH, garantir l’accès équitable aux soins, et encadrer les responsabilités de tous les acteurs impliqués dans la riposte nationale. Elle a dénoncé les fortes disparités derrière une prévalence globale estimée à 0,7 %, certaines communautés étant encore lourdement touchées.
L’honorable Victor Topanou, au nom du président de l’Assemblée nationale, a salué cette dynamique parlementaire et plaidé pour une implication élargie de l’ensemble des élus dans l’examen du nouveau texte. Il a rappelé que les politiques sociales du gouvernement ont contribué à la baisse des taux de prévalence, mais que des « poches de résistance » subsistent, notamment sur le plan des droits humains.
Une étape décisive pour moderniser la riposte
Cet atelier, structuré autour de communications techniques et d’analyses de terrain, marque une étape importante dans le processus de réforme législative. Il vise à doter le Bénin d’un outil juridique plus humaniste, inclusif et conforme aux normes internationales.
À cinq ans de l’échéance des Objectifs de développement durable, le Bénin montre sa détermination à éradiquer le VIH/Sida, non seulement par des politiques sanitaires, mais aussi par une volonté politique forte et une législation respectueuse des droits de tous.
Quelques acteurs clés en parlent
He Victor Topanou, Président de la commission de l’éducation, représentant du Président de l’Assemblée nationale
<< En répondant à l’invitation de ce jour, en votre qualité de législateur, vous avez jugé judicieux de mieux vous informer sur les nouvelles données en matière de VIH-SIDA aux fins de mieux outiller pour jouer avec toute la responsabilité et la délicatesse que cela implique, votre participation aux côtés du gouvernement et des partenaires. En effet, le suivi de chemin de droit et l’expression de la volonté politique dont dépend l’éradication de la pandémie du VIH-SIDA à l’horizon 2030, ne sauraient être réalisés sans une forte implication des députés, non seulement en tant qu’acteurs clés, membres influents et personnes ressources des communautés à la base dont vous êtes issues, mais aussi et surtout, initiateur et promoteur des règles de droit. Rester donc en marge de la dynamique actuelle qui mobilise il tant d’acteurs et de moyens, condamnera notre conscience à s’expliquer à l’avenir, aux prétoires des jeunes générations parce que nous aurons manqué aujourd’hui à nos obligations d’éditer des textes de lois qui promeuvent des droits humains qui visent l’éradication du VIH-SIDA>>, Dr Anita Wadagni, Représentante du Ministre de la Santé
Dr Diallo Yayé Kanny, Directrice pays de l’Onusida pour le Bénin et le Togo
<< Le VIH-SIDA demeure une menace persistante en particulier dans la sous-région africaine de l’ouest et du centre. Malgré les progrès remarquables réalisés au cours de la dernière décennie, notamment grâce à l’accès élargi au traitement antiretroviral, la réponse au VIH dans notre région reste insuffisante pour atteindre les objectifs fixés. Entre 2010 et 2023, les nouvelles infections au VIH ont diminué que de 46% et les décès liés au sida de 55%. Loin de 65%, de 150% par exemple. Aujourd’hui encore, les populations vulnérables continuent d’être laissées pour compte. Des barrières structurelles, notamment la stigmatisation, la discrimination, les lois pénalisantes et les inégalités de jarre entravent l’accès aux services essentiels de prévention, de dépistage et de traitement. Mesdames et Messieurs, dans le cadre de sa stratégie mondiale 2021-2026, le VIH-SIDA promeut une approche centrée sur les droits humains, la science et les communautés. Ainsi, dans la déclaration politique des chefs d’État et du gouvernement sur le VIH-SIDA en 2021, les pays s’étaient engagés à supprimer les obstacles sociaux et juridiques qui freinent l’accès à l’utilisation des services de lutte contre le sida à travers les objectifs 10-10-10, appelés 3-10, à savoir moins de 10% des pays ont un environnement juridique et des politiques réflexives qui empêchent ou limitent l’accès aux services. Moins de 10% des personnes vivant avec le VIH-SIDA et les populations clés subissent la stigmatisation et la discrimination. Et enfin, moins de 10% des femmes, des filles, des personnes vivant avec le VIH-SIDA et les populations clés subissent l’inégalité des sexes et la violence>>