Dans une lettre ouverte publiée ce 6 septembre 2025, Daniel Edah, candidat à l’élection présidentielle de 2026 au Bénin, a pris position sur la situation de la presse nationale. Il dénonce ce qu’il appelle la «clochardisation» des médias, une condition marquée par la dépendance financière, la précarité professionnelle et la perte d’indépendance éditoriale. Selon lui, cette réalité empêche les journalistes de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir et de gardiens de la démocratie.
𝐋𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐃𝐚𝐧𝐢𝐞𝐥 𝐄𝐝𝐚𝐡 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞
𝗣𝗢𝗨𝗥 𝗨𝗡𝗘 𝗣𝗥𝗘𝗦𝗦𝗘 𝗗𝗜𝗚𝗡𝗘 𝗘𝗧 𝗜𝗡𝗗𝗘́𝗣𝗘𝗡𝗗𝗔𝗡𝗧𝗘 : 𝗟𝗘 𝗗𝗜𝗟𝗘𝗠𝗠𝗘
Chers professionnels des médias,Chers activistes des réseaux sociaux,Chers compatriotes,
La générosité construite sur le siphonnage du bien commun n’est pas une vertu. Elle est une corruption raffinée, une ruse diabolique qui travestit l’injustice en bienveillance. Trop souvent, elle consiste à dépouiller la collectivité pour distribuer quelques miettes, en obligeant les victimes à applaudir leurs propres bourreaux.C’est dans ce cercle vicieux que la presse béninoise est enfermée depuis trop longtemps. Journalistes, animateurs, chroniqueurs, photographes, vous qui devriez être les gardiens de la vérité et les éclaireurs de la société, vous avez été réduits, par la logique de survie, à dépendre des enveloppes, des faveurs et des “petits gestes” des puissants.
Une presse affamée ne peut pas être libre. Une presse qui mendie ne peut pas être indépendante. Une presse réduite à l’instantané ne peut pas jouer son rôle de quatrième pouvoir, indispensable à la démocratie.Pourtant, je voudrais, avant toute chose, exprimer ma profonde reconnaissance à celles et ceux qui, dans ce contexte difficile, ont su rester fidèles à l’éthique professionnelle et à la vérité. À vous, journalistes courageux qui, depuis plusieurs années, avez donné écho à notre vision et rendu compte de nos activités sans manipulation aucune.
À vous aussi, activistes des réseaux sociaux, qui avez utilisé vos plateformes pour éclairer le débat public, stimuler la conscience citoyenne et porter la voix du peuple là où certains voulaient l’étouffer. Votre engagement est une preuve que l’intégrité est possible, même dans l’adversité.Or, sans démocratie vivante et sans presse forte, notre vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable, dans une Afrique bien intégrée et en plein essor, ne saurait se réaliser. Car l’économie de production et de transformation que nous voulons bâtir repose sur la confiance, la transparence et la vérité. Elle doit permettre à chaque citoyen d’accéder dignement à l’alimentation, au logement, au vêtement, à l’éducation, à la santé et à la sécurité.
Pour réussir cette transformation, la presse et les acteurs du numérique ont un rôle stratégique : informer, sensibiliser, contrôler et accompagner le peuple dans cette marche vers la prospérité partagée.𝗠𝗢𝗡 𝗘𝗡𝗚𝗔𝗚𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧
En tant que candidat à l’élection présidentielle de 2026, je prends l’engagement clair et ferme de :
1. Mettre fin à la clochardisation de la presse en instaurant des mécanismes transparents et viables de financement public et privé ;
2. Accompagner la création d’entreprises de presse solides, capables de rémunérer dignement leurs employés ;
3. Garantir la liberté éditoriale, en coupant définitivement le cordon de la dépendance aux “motivations pécuniaires” ;
4. Restaurer la place de la presse comme pilier de la démocratie et moteur de l’éveil citoyen, capable de questionner, d’éclairer et de contrôler l’action publique ;
5. Valoriser le rôle des activistes et influenceurs numériques en tant que relais essentiels de l’information citoyenne et du débat démocratique ;
6. Faire des médias, classiques et numériques, des partenaires stratégiques dans la construction d’une économie nationale de production et de transformation, au service d’une prospérité durable et inclusive.
𝗟𝗘 𝗗𝗜𝗟𝗘𝗠𝗠𝗘 𝗤𝗨𝗘 𝗡𝗢𝗨𝗦 𝗗𝗘𝗩𝗢𝗡𝗦 𝗧𝗥𝗔𝗡𝗖𝗛𝗘𝗥
Je le sais : dans le quotidien difficile que vivent nombre de journalistes, la tentation du court terme est grande. Certains voudraient que le candidat fasse comme les politiciens d’hier : distribuer quelques faveurs, soulager quelques détresses, quitte à sacrifier l’avenir. D’autres, tapis dans l’ombre, espèrent corrompre cette volonté de changement en échange de leur soutien intéressé.
Je vous le dis sans détour : je choisis la voie de l’intégrité et de la durabilité. Ma main ne distribuera pas de miettes. Elle tendra au contraire les clés d’un avenir où la presse béninoise et les acteurs du numérique seront forts, dignes et libres. Car la dignité ne s’achète pas : elle se construit.
𝗨𝗡𝗘 𝗖𝗔𝗨𝗦𝗘 𝗡𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡𝗔𝗟𝗘
La question dépasse la seule profession de journaliste. Elle interpelle chaque citoyen. Une presse mendiante ne défendra jamais le peuple contre les abus du pouvoir. Une presse dépendante ne sera jamais le miroir fidèle de la société. Voilà pourquoi je vous appelle, vous journalistes, vous activistes, mais aussi vous citoyens, à soutenir ce choix courageux : refuser les compromis mortels, tenir ferme, exiger la dignité et bâtir ensemble une presse et un espace médiatique indépendants.
Si nous échouons, ce n’est pas seulement la presse qui retombera dans les chaînes. C’est la démocratie tout entière qui perdra un de ses piliers essentiels. Mais si nous réussissons, nous ouvrirons la voie à un Bénin nouveau, où la vérité pourra éclairer l’action publique, et où la presse retrouvera sa grandeur pour accompagner notre pays vers la prospérité partagée.Je prends cet engagement devant vous, devant la Nation et devant l’Histoire.Pour une presse digne, indépendante et fière,Pour des réseaux sociaux engagés et crédibles,Pour une démocratie vivante et une prospérité partagée,
Pour un Bénin prospère, stable, juste et souverain,
Ensemble, nous le ferons et il fera beau!
𝐃𝐚𝐧𝐢𝐞𝐥 𝐄𝐝𝐚𝐡