Après le Niger au Nord- Est, les relations de bon voisinage entre le Bénin et le Burkina Faso risquent de se détériorer les jours ou mois à venir.
Et pourtant, rien n’opposait ces deux pays jusqu’au 11 juillet 2024.
En effet, dans une vidéo, devenue virale, le N°1 de la junte au pouvoir, le Capitaine Ibrahim Traoré lança les hostilités en accusant vertement le Bénin d’abriter des bases militaires françaises. En substance il déclarait : « Personne ne peut nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de bases françaises. Il y a bel et bien deux bases françaises au Bénin et nous avons des preuves.>>
Suffisant pour déclencher une avalanche de réactions aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels au Bénin. En quelques jours, les communicants du régime ont apporté la réplique. Naturellement comme on pouvait s’y attendre, c’est le Porte-parole du gouvernement, Léandre Houngbedji qui ouvre le bal. Sur sa page Facebook, il a dénoncé une campagne de désinformation. << Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos Forces de défense et de sécurité, sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières avec le Burkina-Faso et le Niger. C’est d’ailleurs ce qui a amené le Gouvernement du Bénin, dans sa stratégie pour contrer le phénomène, à construire pour compter de 2022, de petits camps militaires appelés bases opérationnelles avancées, dans plusieurs de nos communes frontalières », a réaffirmé le Secrétaire général adjoint du gouvernement dans son message partagé sur les réseaux sociaux.
Dans la même dynamique, l’Ambassadeur de la France en fin de mission, Marc Vizy a battu en brèche les affirmations du Capitaine Traoré. <<… Au Bénin il n’y a jamais eu de bases militaires françaises…>> affirme-t-il.
Dans la foire aux réactions, les politiciens ne sont pas du reste. C’est d’ailleurs l’occasion pour la plupart, des oubliés de se faire entendre pour signifier au boss qu’ils sont toujours laissés en rade malgré leur attachement sans conditions à la gouvernance actuelle.
Alors qu’on pensait que la tension allait baisser, le Bénin ouvre un nouveau chapitre diplomatique dans ce bras de fer avec le Burkina Faso. Selon les informations rapportées par Bip Radio, le ministre Shegun Bakari a convoqué l’ambassadeur du Burkina Faso près le Bénin. Selon des sources bien renseignées, l’objectif est de protester contre les dernières déclarations du Capitaine Ibrahim Traoré. Quelle sera la suite de cette convocation ? Le représentant du pays des hommes intègres pourra -t-il se permettre de répondre de ce qui est reproché à son président ? Dans de pareilles circonstances, la convocation d’un ambassadeur étranger précède souvent un renvoi pur et simple. S’achemine-t-on vers cet extrême ?
Curieusement, après tous les démentis côté béninois, la partie burkinabè brille par un silence inexplicable. Peut-être que la convocation de leur représentant à Cotonou amènera la junte à s’exprimer à nouveau. Pourquoi pas exhiber enfin les fameuses preuves dont parlait le Capitaine Traoré dans cette fameuse vidéo du 11 juillet 2024.
En attendant le pire, ce que nous ne souhaitons pas d’ailleurs, les deux peuples retiennent leur souffle de part et d’autre. Les échanges commerciales et autres activités se déroulent jusque-là dans une parfaite synergie.
Dans le contexte actuel marqué par la présence des groupes armés terroristes dans la région, à qui profiterait la brouille entre le Bénin et le Burkina ? Un proverbe dit : » Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. »
Ignace NATONNAGNON