Sur le chemin de l’Eldorado, ils ont rencontré la mort sur leur chemin. Ils, ce sont des migrants en route vers le vieux continent pour donner corps à leur rêve européen. Malheureusement, ce rêve a tourné au cauchemar pour une cinquantaine d’entre eux, dont des béninois. Ils ont péri dans la Mer Méditerranée sur les côtes tunisiennes dans la nuit du 16 au 17 mai 2024. Pour le moment, aucune certitude sur le nombre précis de compatriotes qui sont décédés mais, ce drame n’a laissé personne indifférent.
Très tôt, à travers le ministère des affaires étrangères, le gouvernement a mis en branle tout un arsenal pour gérer la situation. Le retour au bercail de 165 migrants béninois présents en Tunisie est en cours. Ces chanceux pourront retrouver leurs familles dans les tous prochains jours.
Outre le gouvernement qui manifeste la solidarité nationale envers les victimes et les rescapés, le drame suscite une avalanche de réactions aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les médias traditionnels.
Le Bloc Républicain évoque un deuil national et appelle à un élan de solidarité nationale. Le parti Les Démocrates quant à lui présente ses condoléances aux familles éplorées et interpelle le Gouvernement. Dans la même dynamique, Daniel Édah n’est pas allé de main morte. << Cette tragédie expose l’impuissance du régime de la rupture à créer les conditions pour que chaque béninois puisse se nourrir, se loger, se soigner, se vêtir et s’éduquer sur le sol béninois. >>
Surfons un peu sur cette dernière réaction pour chercher à comprendre ce qui peut amener un père de famille à se lancer dans une aventure à l’issue presque souvent incertaine. En Afrique de l’ouest, les beninois sont connus pour leur capacité de résilience extraordinaire face aux vicissitudes de la vie. Ce n’est souvent pas le cas avec les Sénégalais, maliens, guinéens, burkinabè, ivoiriens… pour qui, allez en Europe par des chemins tortueux se présente comme un défis à relever. Les conséquences fâcheuses sont à la hauteur de l’audace inexplicable, comme ce fut le cas des derniers naufragés.
Le Bénin serait-il devenu un enfer à ciel ouvert au point de faire fuir ses bras valides vers une destination inconnue ? En bon pédagogue, en marge de la mission sauvetage des rescapés engagée par le gouvernement, le ministre des affaires étrangères a pris soin de rappeler les dangers de l’immigration clandestine. Il va falloir sensibiliser suffisamment, rassurer la jeunesse pour qu’elle puisse croire en sa capacité d’adaptation et d’innovation afin de créer son Eldorado chez elle.
Au demeurant, rappelons ce conseil de Fatou Diome, écrivaine sénégalaise : << Les lois contre l’immigration changent en permanence, tels des pièges sans cesse repositionnés afin de ne laisser aucune chance au gibier.>> En clair, même si les migrants arrivent à surmonter les caprices de la Mer Méditerranée, le chemin est parsemé d’embûches de l’autre côté. Vivre chez soi, c’est mieux…
Ignace NATONNAGNON