Le gouvernement béninois, réuni en conseil des ministres le 22 janvier 2025, a décidé de rendre obligatoire le travail des détenus. Le dimanche 2 février, le directeur général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB), François Hounkpè a abordé le sujet sur l’émission « 90 minutes pour convaincre » de la radio nationale. Au cours de l’émission, il a apporté des précisions sur les modalités du décret ainsi que sur les conditions d’éligibilité des prisonniers.
« Le travail pénitentiaire en République du Bénin : nouvelles modalités de mise en œuvre et impacts attendus ». C’est le sujet sur lequel, le directeur général de l’APB est intervenu. Durant l’émission, François Hounkpè a clarifié les zones d’ombre contenues dans le nouveau décret d’application.
Le travail pénitentiaire n’est pas à sa première institution, informe d’emblée le directeur. Selon lui, il existait depuis des années. Pour preuve, au cours de l’année 2020, au moins 612 détenus ont pris part à des activités de préparation à la réinsertion sociale. Il existe aussi un arrêté en date de 2006, portant sur les modalités et organisation des activités de production à l’intérieur des établissements pénitentiaires.
Cependant, ledit arrêté ne s’étend pas vers les activités qui doivent être exercées à l’extérieur des établissements pénitentiaires. Ce qui le rend non conforme aux recommandations minimales connues sous le nom de règle Nelson Mandela de traitement des détenus. Le nouveau décret s’inscrit donc dans une mesure de correction de ses insuffisances, en posant les principes généraux du travail pénitentiaire en République du Bénin.
Ainsi, plusieurs activités et formations sont intégrées au travail pénitentiaire. Il s’agit entre autres, des activités industrielles dont la menuiserie, la métallurgie ; des activités agricoles et artisanales, de la formation à l’alphabétisation etc.
Le décret souligne également le respect des droits de l’homme. A titre d’exemple, nul ne peut être contraint au travail pénitentiaire de façon punitive, a indiqué le directeur. Autrement dit, le travail pénitentiaire ne doit pas prendre une forme de servitude ou d’esclavage.
De même, le décret fixe les conditions d’éligibilité des travailleurs, les droits au profit des détenus ainsi que les modalités d’exécution et de rémunération du travail. Selon le directeur de l’APB, les détenus doivent satisfaire à des conditions précises, pour prétendre au travail. « Le détenu doit signer un acte d’engagement avant d’être placé au travail pénitentiaire. Les détenus condamnés à des peines privatives de libertés pour des faits qualifiés de crimes ou délit sont astreints au travail sauf si leurs âges ou état de santé ne le permettent pas. Les personnes en détention provisoire peuvent aussi y accéder si elles en font la demande », a signalé le directeur.
Le directeur a également mis l’accent sur les modalités de rémunération des travailleurs. François Hounkpè informe qu’elle est fixée par arrêté conjoint du ministre de la Justice et de celui des Finances. Elle est répartie comme suit : 50%, consacrée à la satisfaction des besoins personnels du détenu ; 20% sont affectés à l’exécution de l’obligation pécuniaire civile ; 15% destinés au règlement des amendes auxquels le détenu a été condamnés ; et le reste (15%), est placé sur un compte bancaire qui est restitué au détenu dès sa libération.
Pour le Directeur Général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB), l’organisation d’activités rémunérées en milieux carcéraux, au profit des détenus, est une première au Bénin.
Rubensia CODJOVI