État du système bancaire au Bénin à fin décembre 2023: Une dynamique de croissance enregistrée

Economie

(Le taux de croissance du PIB réel estimé à 6,1% avec une projection de 6,0% en 2024)

Le  Directeur National de la BCEAO, Emmanuel ASSILAMEHOO

Le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs généraux d’établissements de crédit ont tenu leur première rencontre trimestrielle au titre de l’année 2024, le 27 mars 2024. Cette rencontre qui a eu lieu dans les locaux de la Banque à Cotonou, a permis aux participants d’aborder trois principaux points. Des discussions, il ressort qu’il y a une situation économique résiliente tant au plan national qu’international. Spécifiquement au Bénin, on a noté un taux de croissance de 6, 1% en 2023.

Les trois points débattus lors la première réunion trimestrielle de concertation entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, sont la situation économique et état du système bancaire du Bénin à fin décembre 2023, la situation du rapatriement des recettes d’exportation à fin décembre 2023 et les dispositions relatives au renouvellement des comptes en devises (Instruction n°08/07/2011/RFE du 13 juillet 2011). En effet, au premier point, il a été noté un environnement international caractérisé à fin décembre 2023 par de bonnes perspectives de croissance en dépit des tensions géopolitiques. Cela est dû, selon le Directeur National de la BCEAO, Emmanuel ASSILAMEHOO, par la baisse du cours du pétrole et la poursuite de la maîtrise de l’inflation au plan mondial. Sur le plan sous-régional, il y a eu le maintien de la dynamique au sein de l’UEMOA avec un taux de croissance du produit intérieur brut projeté à 6,5% en 2024 contre une estimation de 5,7% au titre de l’année 2023. Selon la Banque centrale, le taux d’inflation poursuit son orientation baissière en lien avec celle du rythme de progression des prix des produits alimentaires et pétroliers ; du coup, il est ressorti à 3,7% en 2023 et devrait atteindre 2,5% en 2024.

Dynamique de l’activité bancaire et de croissance pour le Bénin en 2023

Au plan national, la situation économique n’a pas été difficile au regard des statistiques officielles affichées. En effet, le taux de croissance du produit intérieur brut réel est estimé à 6,1% en 2023 et projeté à 6,0% en 2024. Par rapport au niveau général des prix, les participants ont fait noter que sa variation s’est inscrite en recul après le pic de 3,5% enregistré en septembre 2023, avec unretour dans la zone de confort de la politique monétaire de la BCEAO. « En effet, le taux d’inflation est ressorti à 2,7% en décembre 2023, après 2,9% un mois plus tôt et devrait atteindre 1,6% en 2024. Cette tendance baissière résulte de la combinaison des mesures de soutien prises par les autorités béninoises pour contenir les prix, des bonnes performances du secteur agricole et de l’action monétaire de la Banque Centrale », a précisé le premier responsable pays de la BCEAO. Par ailleurs, c’est avec une satisfaction que les responsables de la BCEAO et les Directeurs généraux d’établissements de crédit ont noté que les indicateurs de l’activité bancaire ont maintenu leur dynamique de croissance au cours de l’exercice 2023 ; et ceci malgré un environnement économique marqué par les effets de la fermeture des frontières avec le Niger et la suppression des subventions sur les produits pétroliers au Nigeria. « Le total bilan s’est consolidé de 8,3% en s’affichant àn6.418,9 milliards de francs CFA contre 5.924,5 milliards à fin décembre 2022. Les crédits bancaires ont cru de 17,2% pour s’établir à 3.079,9 milliards contre 2.627,4 milliards en 2022. La qualité du portefeuille de la place a poursuivi sa dynamique d’amélioration, avec un taux brut de dégradation du portefeuille de 4,8% à fin décembre 2023 contre 7,2% un an plus tôt.Ce taux est inférieur à la moyenne de 8,7% enregistrée dans l’Union à la même période », a précisé M. Emmanuel ASSILAMEHOO. Il est à ajouter que la place est globalement solvable avec un ratio de solvabilité de 15,45% pour une norme minimum requise de 11,50%. Toutefois, quelques efforts restent à faire au niveau de l’homogénéité des taux brut de dégradation du portefeuille individuels autour de la moyenne de la place ; de la trésorerie propre des banques dont le déficit demeure à un niveau assez préoccupant. Sur le fait, les Directeurs Généraux ont été sensibilisés afin de prendre les dispositions idoines pour améliorer l’équilibre entre les emplois et les ressources de leurs établissements. Aussi, les responsables des banques ont-ils été appelés à transmettre dans le délai du 1er juillet 2024, les plans de recapitalisation pour se conformer aux exigences de l’Avis n°01-01-2024 fixant le capital social minimum des banques et établissements financiers dans les Etats membres de l’Union, portant le capital social des banques de l’Union de 10 à 20 milliards à compter du 1er janvier 2024. Par rapport au deuxième point de la rencontre, il a été signalé un défaut de rapatriement des recettes d’exportations par les opérateurs économiques. Le niveau de rapatriement est ressorti à 81,4% (norme de 100%). Les DG des établissements financiers sont aussi sensibilisés afin d’inviter les entreprises exportatrices à se conformer rigoureusement aux prescriptions du Règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine pour ne pas tomber sous le coup de sanctions. Le dernier point relatif aux dispositions relatives au renouvellement des comptes en devises, a permis aux deux parties présentes de discuter sur les attentes de l’Autorité, attachées aux dispositions dudit texte qui complète celui relatif aux relations financières extérieures dans l’Union. Les Dirigeants de banque ont été conviés à faire un suivi conséquent des dossiers d’ouverture et de renouvellement de comptes en devises et de procéder à leur clôture dans les délais. Précisions pour finir que la BCEAO a maintenu le principal taux directeur en vigueur depuis le 16 décembre 2023 qui est à 3,50%.Refus de rapatriement des recettes d’exportation : les entreprises identifiées en 2022 sont sous le coup de sanctions Lors de première réunion trimestrielle de concertation entre le Directeur National de la BCEAO et les Directeurs Généraux d’établissements de crédit, au titre de l’année 2024, le 27 mars 2024 à Cotonou, il a été noté un défaut de rapatriement des recettes d’exportation à fin décembre 2023. En effet, le taux de rapatriement des recettes d’exportations par les opérateurs économiques est ressorti à 81,4% (norme de 100%). Il se dégage donc un défaut de rapatriement des recettes d’exportations par les opérateurs économiques évalué 80,5 milliards de FCFA au titre de l’année 2023. Dans ses explications au cours du point de presse animé avec le DG/Président APBEF-BENIN Lazare NOULEKOU, le Directeur National de la BCEAO, Emmanuel ASSILAMEHOO a expliqué le rapatriement intégral des recettes d’exportation par les entreprises permet non seulement aux banques primaires de disposer de ressources suffisantes pour le financement de l’économie, mais également à la BCEAO d’accroître son offre de liquidité au système bancaire. Par ailleurs, pour corriger cet état de chose et amener toutes les entreprises à s’y conformer, le DN/BCEAO a annoncé que les entreprises épinglées en 2022 seront sanctionnées. L’une des sanctions est par exemple le refus de prêt à ces entreprises. Par contre, les discussions vont continuer avec les entreprises identifiées en 2023. Il faut noter que les banques béninoises ont un portefeuille saint et respectent le rapatriement des recettes d’exportation. La Banque centrale ne manque jamais l’occasion de sensibiliser les banques et les entreprises sur l’importance de rapatriement des recettes d’exportation. Au sortir de cette première rencontre trimestrielle, les Directeurs Généraux de banque ont été sensibilisés à l’effet d’inviter les entreprises exportatrices à se conformer rigoureusement aux prescriptions du Règlement relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA, afin d’éviter les diverses sanctions prévues par la loi bancaire etles instructions de la BCEAO. De son côté, le DG/Président de l’APBEF s’est engagé à renforcer les actions de contrôle en collaboration avec la Direction Nationale dans le cadre du suivi des entreprises en défaut vis-à-vis du dispositif.

J-M HOUNKPE

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