Trente-quatre ans après le meurtre de Sophie Narme, une jeune agente immobilière tuée à Paris en 1991, la justice a autorisé l’exhumation de son corps. Et ceci dans l’espoir de trouver un ADN qui pourrait enfin identifier son tueur ou, au contraire, disculper Dominique Pelicot, le principal suspect, âgé de 72 ans connu comme l' »ogre de Mazan ». En 2024, il a été reconnu coupable d’avoir organisé pendant dix ans des viols sur son ex-femme avec des inconnus, mais il nie toute implication dans la mort de Sophie Narme. C’est l’avocate de Pelicot, Béatrice Zavarro, qui a présenté cette option d’exhumation auprès de la cour d’appel de Versailles, et ils ont dit oui le 7 novembre dernier après un premier refus en avril, parce que Pelicot nie tout en bloc et veut prouver qu’il n’a rien à voir avec ce meurtre vieux de plus de 30 ans. Ce qui pousse la justice à rouvrir ce dossier, c’est une série de ressemblances entre le meurtre de 1991 et une tentative de viol sur une autre agente immobilière en 1999 en Seine-et-Marne, dans laquelle Pelicot a été identifié par son ADN. Les deux femmes ont été agressées dans des circonstances similaires, et une forte odeur d’éther a été relevée dans les deux cas. Ce petit détail a mis la puce à l’oreille aux enquêteurs. Pelicot a reconnu partiellement son implication dans l’affaire de 1999, mais continue de nier pour celle de Sophie Narme.
L’exhumation, autorisée par la cour d’appel de Versailles, vise donc à rechercher d’éventuelles traces biologiques qui pourraient confirmer ou exclure la présence de Pelicot sur les lieux du crime. Pour son avocate, c’est une chance de faire la lumière sur un dossier qui n’a jamais été élucidé. Elle évoque même la possibilité que le meurtre ait été commis par un autre homme, François Vérove, alias « le Grêlé », un ancien policier identifié comme tueur en série après son suicide en 2021. Ce rebondissement judiciaire ne garantit rien. Il est possible que le corps de Sophie Narme, enterré depuis plus de trois décennies, ne donne aucun nouvel indice. Mais pour les proches de la victime, pour les enquêteurs, et même pour Pelicot, cette opération pourrait enfin apporter des réponses.
