Ce qui devait être une simple célébration sportive s’est transformé en une tragédie nationale. Le samedi 30 novembre, la finale du tournoi de soutien à la junte militaire, organisée en l’honneur du Colonel Mamadi Doumbouya, a viré au drame à N’zérékoré. Des décisions arbitrales controversées ont provoqué des tensions qui se sont rapidement transformées en chaos.
Tout a basculé à la 83e minute, lorsque l’arbitre a accordé un penalty en faveur de l’équipe de N’zérékoré, suscitant la colère des joueurs de Labé et de leurs supporters. Les protestations ont dégénéré en jets de pierres, obligeant les forces de sécurité à intervenir. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule. Avec la seule porte d’entrée du stade bloquée, des centaines de spectateurs, dont de nombreux enfants, se sont retrouvés piégés.
Une tragédie humaine
Le bilan provisoire fait état de plusieurs morts, dont des enfants, certains asphyxiés par les gaz lacrymogènes, d’autres ayant succombé en tentant d’escalader les murs pour fuir. L’hôpital régional de N’zérékoré a été rapidement débordé. Facely Konaté, journaliste présent sur place, a décrit une scène chaotique : <>. Les ministres Félix Lamah (Agriculture) et Kéamou Bogola Haba (Jeunesse et Sports), présents pour l’occasion, ont été évacués sous haute sécurité. Cependant, la tension restait vive dans la ville, et le climat de peur s’est propagé.
Le Premier ministre Bah Oury a exprimé la consternation du gouvernement dans une déclaration officielle. Il a appelé au calme et à la retenue, tout en promettant une enquête approfondie pour faire la lumière sur les circonstances de cette tragédie. <>, a-t-il affirmé. Les autorités locales et les leaders religieux ont également été sollicités pour apaiser les tensions et éviter que la situation ne s’aggrave davantage.
Cet événement tragique, survenu dans un contexte de tensions politiques persistantes, soulève de sérieuses questions sur la gestion des foules et la sécurité lors des événements publics. La tragédie de N’zérékoré rappelle le massacre du 28 septembre 2009, où des dizaines de manifestants avaient trouvé la mort dans un stade à Conakry.
L’utilisation de gaz lacrymogènes dans un espace confiné, combinée à un manque flagrant de mesures de sécurité, montre une fois de plus les failles dans la gestion des crises en Guinée. Des voix s’élèvent déjà pour réclamer des réformes urgentes et une meilleure protection des populations lors des rassemblements publics.
Bérenger HOUNHOUEGNON