C’est un secret de polichinelle que dans la plupart des marchés au Bénin, la compétition entre les commerçants ( vendeuses ou vendeurs) ne se limite pas seulement aux coups de bons prix ou de qualités de produits. Certains font souvent recours au charlatanisme pour attirer la clientèle ou pour nuire à leurs concurrents qui se trouvent dans la même sphère commerciale. Avec l’avènement des marchés modernes, ces pratiques ont-elles disparu? Pour trouver de réponses à cette préoccupation, une équipe de notre rédaction a fait une descente sur le terrain.
Dans les allées propres et bien organisées du marché moderne de Gbégamey, l’ambiance semble apaisée à première vue. Ici, nous sommes dans le marché moderne de Gbégamey à Cotonou. Fini le désordre des anciens marchés, place à des boutiques bien rangées, des stands numérotés, agents d’entretien et de sécurité en uniformes cousues sur mesure. Mais derrière cette façade moderne, la réalité est toute autre. Si l’on parle ouvertement du commerce, dès qu’il s’agit de charlatanisme, les langues se délient plus difficilement.
Interrogé sur la continuité des pratiques mystiques dans le nouveau marché, une vendeuse de condiments requérant l’anonymat affirme: «Ah, ça là, ça ne finit jamais». Elle continue: «Il y a des gens, quand leur commerce ne marche plus, ils vont voir les marabouts pour prendre des poudres ou liquides et venir asperger sur leurs stands». A en croire ses dires, c’est ainsi que ces vendeuses praticantes procédaient dans les anciens marchés. Elle ajoute que d’autres vont jusqu’à enterrer des gris-gris sous leurs stands. Mais cela serait difficile dans les nouveaux marchés.
Abondant dans le même sens, Maman Arthur, une vendeuse de pagne confie que: «Ce n’est pas parce que le nouveau marché est beau que les habitudes ont changé». Selon ces commerçantes, certaines pratiques mystiques existent toujours, mais elles se font peut-être plus discrètement. «Avant, on voyait des calebasses cassées, des poudres noires, des plumes de poulet devant certaines boutiques. Aujourd’hui, tout est bien nettoyé chaque matin, donc c’est plus compliqué. Mais ça ne veut pas dire que ça a disparu», confirme Ahmed Issifou, un vendeur d’épices. Les techniques auraient simplement évolué. Pour lui, les pratiques mystiques persistent, mais l’environnement plus structuré des nouveaux marchés ne permet plus les mises en scène mystiques visibles autrefois. Il pense même que la modernisation a poussé les vendeuses à trouver d’autres moyens pour attirer les clients.
Pour Jean-Baptiste Elie Yomi, un vendeur de viande de boeuf trouve plutôt qu’avec la mentalité de «prête à tout pour la clientèle» qu’avaient les vendeuses dans l’ancien marché, elles sont capables de continuer ces pratiques mystiques mais sous autres formes beaucoup plus discrètes. En exemple, il parle de gris-gris enfouis dans les marchandises, de poudre et liquide aspergés sur les marchandises, des savons et parfums de chance et autres pratiques occultes. Plusieurs commerçantes ont confié que la modernisation a freiné ces pratiques. «Avant, il y avait des coins du marché où on pouvait aller voir un féticheur discrètement. Ici, avec la surveillance et l’organisation, c’est plus difficile», estime Maman Gaël, vendeuse de produits cosmétiques.
Par ailleurs, il y en a qui estiment que les nouveaux marchés ont fait disparaitre ces habitudes déloyales. Sur ce point, Maman Cécile, vendeuse de poisson fumé fait savoir que:« Maintenant, tout se joue sur la fidélisation. Si ton produit est de bonne qualité et que tu traites bien tes clients, ils reviennent. Ce n’est plus une affaire de fétiches comme avant».
Il est à observer qu’outre les commerçants dans les espaces marchands, il y a les civils qui utilisent les anciens traditionnels pour faire des rituels. Sur cet aspect, Rosette Kpativo, vendeuse de plastique de tous genres confirme cela et fait savoir que:« Des gens venaient se balader nus dans les marchés comme rituels, faire des bains de purification dans les marchés, récupérer du sable du marché pour des recettes mystiques». De ses dires, ces gens ne peuvent plus le faire car il y a assez d’agents de sécurité qui sont des gens avertis dans le nouveau marché.
Ce qui est certain, c’est que la modernisation n’a pas fait disparaître les pratiques mystiques dans les marchés. Si les pratiques sont moins visibles, elles n’en restent pas moins ancrées dans les mentalités. Entre rumeurs, secrets bien gardés et rivalités commerciales, le charlatanisme règne dans les marchés modernes. Suivez plus d’actualité en vous abonnant gratuitement à notre chaîne WhatsApp👇https://whatsapp.com/channel/0029VaDRmSrJJhzhSaGmWF2c
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✍️ Bérenger HOUNHOUEGNON