Le Bénin a enregistré l’une des plus lourdes défaites de la première journée comptant pour la qualification à la Coupe d’Afrique des Nations 2025. Si ce faux pas est une surprise désagréable pour les inconditionnels des Guépards qui espéraient une victoire des nôtres en terre nigériane, le scénario cauchemardesque était presque certain pour les observateurs avertis du sport roi au plan local.
L’armada offensive des Super Eagles n’a laissé aucune chance à Steve Mounié et ses coéquipiers qui ont rendu une copie très pâle samedi dernier à Uyo. Et pourtant, quelques mois plutôt, le face-à-face entre les deux voisins s’était soldé par une victoire des poulains de Gernot Rohr le 10 juin 2024 à Abidjan. Qu’est ce qui n’a pas marché ? S’agit-il d’un accident de parcours pour le géant de l’Est qui n’avait jamais connu de défaite depuis 1959 face au Bénin ? L’on est tenté de répondre par l’affirmatif car, la dernière prestation des Guépards a montré que c’est l’arbre qui cache la forêt et ça date de Mathusalem.
Loin des commentaires des milliers de supporters qui se découvrent subitement des talents de sélectionneur, posons le diagnostic d’une énième revers de Gernot Rohr qui peine à convaincre au fil des mois. À sa décharge, on peut affirmer qu’il a hérité d’une situation proche de la pourriture. Le technicien franco allemand en est bien conscient mais, il s’est quand même lancé dans cette aventure avec des objectifs ambiguës.
En effet, pour une équipe qui voudrait inscrire ses performances dans la durée, l’on ne voit rien de structuré. Dans cet océan de contre performances répétitives, les joueurs sont naturellement vitriolés. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a dit-on. Nos Guépards footballeurs ne sont pas exempts de tous reproches. Toutefois, il faut avouer qu’ils sont malheureusement, des victimes du système qui contraint à la médiocrité. En effet, que faisons-nous à la base pour l’éclosion des talents ? Aucune logique cartésienne dans la méthodologie et l’organisation du football local. Et pourtant, ce ne sont pas les talents, ni les ressources humaines et financières qui manquent. Des dotations factorielles mal ou peu exploitées tout simplement. À qui la faute ? Aux décideurs qui s’érigent en connaisseurs ? Aux sachants de la chose sportive incapables de s’affirmer ? À la Fédération béninoise de football ? Des acteurs qui s’arrogent pompeusement la paternité des victoires sporadiques sans lendemain.
La dernière débâcle de Uyo est une piqûre de rappel très importante. Le chemin est encore long. L’épopée inoubliable de la CAN Egypte 2019 reste un lointain souvenir. Le Bénin a été absent à deux messes du football continental (2021 et 2023). Cinq ans de disette déjà. La course pour la participation à la CAN Maroc 2025 vient d’être lancée et, à l’actif des Guépards, un premier revers avec un goal différentiel négatif dans un groupe que le Bénin partage avec le Nigéria, la Libye et le Rwanda. Contrairement au format habituel qui s’apparente à une course de fond, nous aurons un format similaire à un demi-fond avec six matchs à disputer en trois mois. Il faudra donc vite trouver ses marques dès l’entame pour ne pas laisser filer les adversaires. Uyo, c’est du passé, tous les regards sont désormais tournés vers Abidjan ce mardi pour espérer une victoire face à la Libye. Un nouveau faux pas est interdit. Tous derrière les Guépards !
Rendez-vous après le match pour tirer les enseignements de la deuxième sortie pour le compte des qualifications à la prochaine CAN.
Ignace NATONNAGNON