Depuis huit jours, le désormais ex-patron des renseignements béninoises a été nommé à un autre poste de responsabilité, très loin de sa terre natale. En effet, le Colonel Pamphile Zomahoun puisque c’est de lui qu’il s’agit est nommé Ambassadeur Adjoint, Envoyé spécial pour Haïti à L’ambassade du Bénin à Brasilia. C’est l’une des informations à retenir du dernier conseil des ministres. En apparence rien à dire car, le Chef de l’État n’a fait qu’ user de l’une de ses prérogatives. Toutefois, le timing et le contexte dans lequel intervient cette supposée promotion diplomatique mérite qu’on s’y attarde.
Le Colonel Pamphile Zomahoun, celui qui a géré de main de maître, les renseignements béninoises depuis 2016 est contraint à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle à faire valoir ses compétences ailleurs. Ailleurs, très loin de sa patrie et c’est là que réside toute la problématique ou l’opportunité de ce parachutage inattendu.
Il est désormais un secret de Polichinelle qu’un balayage systématique s’opère dans l’appareil étatique et plusieurs personnalités qui ont été à degrés divers, au coeur du système décisionnel en ont déjà fait les frais. Les limogeages ou remplacements de Aurélien Agbénonci, Jean Claude Houssou, Oswald Homeky, Sévérin Quenum, Johannes Dagnon…, tous des caciques du régime en place sont l’illustration parfaite du grand ménage en cours dans l’environnement immédiat du Chef de l’État. Pour la plupart des cas, impossible de ne pas lier 2026 à ces limogeages. Pamphile Zomahoun, une pièce maîtresse du dispositif sécuritaire envoyé de façon expresse en Haïti sous le couvert d’une promotion diplomatique ne s’inscrit-il pas dans cette dynamique ? Le cas échéant, l’on pourrait se demander ce qu’il a commis comme péché pour mériter un tel sort ? À priori, sa profession l’oblige à garder une certaine neutralité vis-à-vis de la chose politique.
Il faut rappeler à toutes fins utiles que Pamphile Zomahoun, à l’instar de Johannes Dagnon a connu la prison sous le régime Boni Yayi dans l’affaire de »tentative de coup d’État ». L’ancien Commandant de la gendarmerie à l’époque des faits, selon des témoignages a vécu les pires humiliations à la prison civile de Kandi où il était gardé. Curieusement, en l’espace de deux semaines, Johannes Dagnon se fait limoger et le Colonel Pamphile Zomahoun est envoyé en mission, loin du Bénin. Pour le moment, aucune piste fiable ne permet de comprendre ce qui se trame. Pire, la loi du silence ne permet pas aux véritables acteurs de libérer la paroles dans un contexte assez délicat où, la moindre incartade est réprimée avec la dernière rigueur.
Néanmoins, une source informe que la nomination de l’ancien patron des renseignements en Haïti précède le déploiement des 2000 militaires et policiers dans le cadre d’une mission onusienne. Pour la première fois dans l’histoire des déploiements sur ces genres de théâtres, le Bénin enverra un contingent constitué de 2000 hommes. Vu la délicatesse de cette mission, grâce à son parcours professionnel riche en expériences, Pamphile Zomahoun dans ses nouvelles fonctions serait un atout majeur dans la bonne exécution de cette mission.
Limogeage déguisé en promotion suspecte, une seule certitude ; le chemin qui mène vers 2026 ne sera pas un long fleuve tranquille. Des surprises, il y en aura encore bien évidemment…
Ignace NATONNAGNON