Le conseiller spécial du Chef de l’État, celui qui a coordonné les activités du Bureau analyse et investigations (Bai) depuis 2016 aux côtés de son cousin, Patrice Talon a été limogé. Telle une traînée de poudre, l’information donnée par Matin Libre sur son site a été abondamment relayée toute la journée du mardi 9 avril 2024. Pour le moment, aucune voix officielle n’a confirmé ni infirmé cette information qui prend tout le monde à contre pied. En attendant l’officialisation de ce départ, les conjectures vont bon train. Qu’est ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là ? S’interroge une bonne frange de la population.
Le ménage continue !
La mise à pied de Johannes Dagnon intervient après le départ de Oswald Homéky, ancien ministre des sports, les limogeages de Jean Claude Houssou, ancien ministre de l’énergie, Aurélien Agbénonci, ancien patron de la diplomatie béninoise et l’ancien garde des sceaux, Sévérin Quenum. En clair, la colonne vertébrale du régime s’effrite au fil des années. Si les cas Houssou et Agbénonci restent à ce jour des énigmes, il est un secret de Polichinelle que Homeky et Quenum ont payé le prix de leur rapprochement coupable avec Oliver Boko, un des nombreux prétendants à la succession de Talon. Pour le Chef de l’État qui tient au respect des dispositions de la charte des partis politiques, ces incartades se sauraient restées impunies. Johannes Dagnon faut-il le rappeler, a été la cheville ouvrière de la mise en oeuvre du Pag 1 et 2 à travers la coordination du Bureau analyse et investigations depuis le palais de la présidence. En clair, un des maîtres à penser du volet technique de la gouvernance amorcée depuis 2016. Suffisant pour se forger une carapace de présidentiable sans la bénédiction du chantre de la rupture ? C’est mal connaître Talon.
La mouvance en difficulté
Depuis quelques mois, Johannes Dagnon est nommément cité parmi des probables dauphins de l’actuel chef de l’État, une situation qui met mal à l’aise au sein de la mouvance selon des sources échappées. Au-delà d’une simple envie, il faut remarquer l’activisme politique observé dernièrement autour du désormais ex Conseiller spécial de Patrice Talon. Ce dernier n’a certainement pas apprécié la démarche de son cousin et la sanction est tombée. De toute évidence, limoger Johannes Dagnon, le cousin adoré, l’homme lige, celui qui a connu plusieurs années durant, sous le régime de la refondation, les pires humiliations de la vie carcérale dans l’affaire de coup d’État déjoué contre Boni Yayi pendant que l’ex – ennemi juré numéro 1 a pu s’éclipser par la male arrière d’un véhicule, il s’agit d’un signal fort à tous ceux qui tenteraient de jouer au badboy au sein de cette mouvance à quelques encablures de 2026.
Après les opposants, le bâton de la sanction se retourne visiblement contre les laudateurs qui ont tout le temps encensé le père »fouetard » dans ses dérives envers les autres. Et, l’ex ministres des Finances l’avait prédit. Les faits semblent donner raison à Komi Koutché qui peut se réjouir de la mésenventure que vivent certains proches du pouvoir alors que ces derniers étaient à mille lieues d’imaginer un tel scénario après 2021.
À présent, quel avenir politique pour Johannes Dagnon ? Son rêve pour 2026 est-il bloqué au stade de bonnes intentions ? Va-t-il forcer le destin malgré tout à l’instar de son cousin en 2016 ? Rien n’est moins sûr mais, quelques enseignements à retenir quand même. Les dissensions dans la mouvance se confirment davantage et la route qui mène vers 2026 ne sera pas un long fleuve tranquille, contrairement aux apparences. Par ailleurs, Talon vient de montrer une fois de plus qu’il reste le maître absolu du jeu. Dagnon out ! Les cartes seront redistribuées dans la course à la succession. Attention aux esprits malins encore tapis dans l’ombre. Autre temps, autres moeurs dit l’adage populaire.
Ignace NATONNAGNON