Telle une traînée de poudre, l’information a fait le tour des réseaux sociaux dans l’après-midi de ce dimanche 5 janvier 2025. Ce qui était encore il y a quelques mois à l’étape des rumeurs a été confirmé par l’intéressé. Dans un ton très rassurant et après avoir peint en noir la gestion Talon, Kemi Seba, président de l’Ong Urgences panafricanistes se voit bien succéder à l’actuel locataire de la Marina. Mais il a posé des conditions…
Dans un contexte marqué par assez de réticences au sein des formations politiques traditionnelles, Kemi Seba vient de jeter un gros pavé dans la marre très calme en ce début d’année. Au-delà des émotions et de tous les commentaires partisans, essayons de comprendre le sens et la portée de cette annonce qui ne vient pas ex nihilo. D’ailleurs, contrairement à ce que certains ont déclaré juste après ses propos, les membres de l’aile dure de l’opposition, Les Démocrates ne semblent aucunement surpris. Mieux, dans leurs déclarations, il est très facile de déduire que ce projet a fait l’objet de discussions préalables et des concessions seraient en cours. Le cas échéant, celà voudra signifier que Les Démocrates n’excluent aucune force dans cette bataille qui s’annonce très rude face au »redoutable » rouleau compresseur de la mouvance.
Justement parlant de la mouvance, c’est la stupéfaction depuis l’annonce du possible rapprochement LD – Kemi qui serait très avancé.
Presque 24 heures après, aucune voix officielle n’a réagi. Le coup, savamment préparé avec un timing bien réglé serait semblable à un double crochet et un direct dans le noble art. Ils sont encore tous penauds ou dans les vapes. Qu’est ce qu’ils diront de cette envie clairement affichée de Kemi Seba ? Quelles sont les stratégies politiques envisageables pour noyer ce mouvement de libération de l’Afrique qui aurait gagné la jeunesse béninoise en grande partie ?
Faut-il le rappeler, à la mouvance, ils sont bien placés pour éviter de prendre à la légère ce qui ressemble carrément à une distraction politique. En effet, en 2015 et presque dans les mêmes conditions depuis l’extérieur, l’ancien magnat du coton annonçait sa candidature à la présidentielle de 2016. Lui, l’ennemi de Yayi avec toutes les affaires sulfureuses dans lesquelles il était cité, celui qui était présenté comme le diable personnifié, succéder à Yayi… Oui ! C’était le rêve fou de Talon depuis Paris à l’époque. En dehors de lui même et d’une minorité sûrs de leur entreprise, la grande masse et surtout la mouvance d’alors s’étaient presque moqués de Patrice Talon. Certains ont poussé le défis assez loin en donnant carrément leur tête à couper si l’ennemi public N’1 du régime Yayi entre 2011 et 2016 se faisait élire président de la République. Le reste appartient à l’histoire. Curieusement, presque tous ses détracteurs sont avec lui depuis 2016. Ainsi va la politique.
En 2025, à moins d’un an des élections générales, nous voici encore presque dans les mêmes conditions avec un Kemi Seba perçu comme un amuseur de la galerie, un panafricain qui ne rate jamais ses cibles béninoises dans ses envolées verbales devenues cultes. C’est lui, le persona non grata déclaré du régime actuel qui prétend succéder à Talon. C’est peut-être trop beau pour être vrai mais attention… En jetant le masque et en décidant de manoeuvrer à visage découvert sur ce projet, Kemi Seba vient de lancer malgré lui, le compte à rebours de 2026. En face, les pressions vont s’accentuer davantage pour le choix de l’oiseau rare qui pourrait poursuivre l’œuvre de Talon. Jusque-là, le maître à penser de la mouvance reste imperturbable dans sa tour d’ivoire et prend tout son temps. L’attente devient insoutenable pour ses affidés. Avec cette dernière sortie, les potentiels présidentiables peuvent dire merci au président de l’Ong Urgences panafricanistes. Les choses vont s’accélérer les jours ou mois à venir.
La menace Kemi est désormais claire et n’est plus au stade de bonnes intentions. Minimiser son impact risque d’être fatale.
Vivement 2026 !!!
Ignace NATONNAGNON
