Regards croisés : Ouvrez les frontières !

Politique



Depuis le 26 juillet 2023, les relations de bon voisinage entre le Bénin et le Niger ont pris un coup de froid. La remise en cause de l’ordre constitutionnel par un groupe de militaires fut la pomme de discorde entre ces deux pays de l’Afrique de l’ouest que pratiquement  rien n’avait opposé jusqu’à ce coup de force.

Mais, dans la précipitation et pour répondre aux exigences  de la CEDEAO, le Bénin ferma ses frontières au nord  Est. La rigidité du Président Patrice Talon n’a guère émoussé les ardeurs du Général Tchiani et ses frères d’armes solidement accrochés au gouvernail de l’autre côté du fleuve Niger. La révolution qui devrait s’essouffler en quelques mois s’inscrit malheureusement ou heureusement dans la durée, bouleversant la vie de part et d’autre  des frontières entre les deux pays. C’est la croix et la bannière pour les commerçants, les  transporteurs et  les autres acteurs de la chaîne des valeurs de l’économie locale. Pire, les ondes de choc de ce blocus se font ressentir même dans la capitale économique Cotonou avec le Port autonome qui connait des moments difficiles.

Puisqu’ il n’est jamais tard pour bien faire, la partie béninoise décida de lever les barrières espérant que leurs homologues fassent de même.

Erreur ! Les frontières restent toujours fermées côté nigérien, au grand dam de Patrice Talon qui sort finalement le jocker de luxe improbable : fermeture de la vanne et la station d’écoulement de Sèmè, du pétrole brut provenant du Niger (gisement d’Agadem), empêchant ainsi les tankers (bateaux pétroliers) de charger au port pétrolier de Sèmè. Ce faisant,  il s’agit de mettre la pression sur Tchiani  afin qu’il autorise l’ouverture des frontières pour le bonheur des deux peuples.

Mais,  c’est mal connaître les révolutionnaires des temps modernes qui posent une condition  à la limite inexplicable. En effet, à  en croire ces derniers, le Bénin abriterait une base militaire française et de facto, des terroristes prêts à saisir la moindre occasion pour nuire au peuple nigérien. L’ouverture des frontières nigériennes est donc  conditionnée au départ des supposées troupes françaises installées au Bénin.

Dans ce bras de fer entre deux pays frères, le bout du tunnel est visiblement très loin. Nous sommes dans l’impasse. Qui pour aider les deux parties à reconsidérer leur position respective ?  En attendant de trouver l’oiseau rare et neutre pour jouer au médiateur, les réactions s’enchaînent et s’entremêlent au gré des convictions. Pendant ce temps, la vie tourne au ralenti aux frontières bénino – nigériennes, plongeant des milliers de commerçants et les transporteurs dans l’incertitude.


Ignace NATONNAGNON

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