<< … Pendant deux lunes toute entières la petite école a dormi. À l’étude, on ne pensait guère. On jouait ce temps est fini. De nouveau l’école s’éveille… Adieux les beaux jours si tôt finis…>> Ainsi s’exprimait Victor Hugo dans cette fable célèbre qui a traversé les époques. L’école béninoise s’éveille effectivement dès ce lundi 16 septembre 2024 et retour à présent aux dures réalités de la reprise des classes.
En effet, derrière les nouvelles tenues ou uniformes, les fournitures scolaires flambants neuves, se cache une souffrance inestimable. Avec la morosité ambiante, les parents ont dû se plier en quatre pour permettre à leurs progénitures de retourner dans les salles de classes pour le compte de l’exercice 2024-2025.
Une fois à l’école, les enseignants constituent l’autre maillon indispensable que dis-je, la pierre angulaire de cette chaîne scolaire qui a retrouvé toutes ses lettres de noblesse depuis 2016. L’enfer têtu des grèves sauvages est désormais un lointain souvenir. Au Bénin, il n’y a plus d’années scolaires tronquées avec des résultats maquillés pour sauver l’apparence. Osons le dire, notre système éducatif était en lambeaux, désarticulé et agonisant. Il fallait une thérapie de choc pour redonner vie à l’école béninoise. Bien évidemment, il y a un prix à payer. Hommages à tous ces enseignants qui s’échinent jours et nuits pour le bonheur des apprenants.
Mention spéciale aux Aspirants au métier d’enseignant (AME), autrefois vacataires ou communautaires. De braves citoyens qui font le job et dont les performances ne sont toujours pas reconnues à sa juste valeur. Selon Kassa Mampo, SG de la Cstb, environ 200 AME sont décédés depuis 2019. Cette statistique est symptomatique de la précarité ambiante dans laquelle vivent ces enseignants malgré les belles promesses.
Soulignons à toutes fins utiles que des efforts substantiels ont été consentis par le gouvernement mais, il reste encore à faire pour effacer les disparités relatives aux traitements et avantages. Sous la douce pression amicale des syndicats, les gouvernants ont rappelé à plusieurs reprises, qu’ils sont conscients des conditions de vie et de travail des AME.
D’ailleurs, au terme du Conseil des ministres du lundi 18 mars 2024, le gouvernement a pris de nouvelles mesures sociales au profit de cette catégorie d’enseignants.
Désormais, ils sont payés tous les mois de l’année, soit douze mois sur douze. Il est instaurée une prime d’engagement pour service d’intérêt national fixée à 20 000 F CFA par mois. Ils bénéficient d’une assurance santé, au même titre que les fonctionnaires. Les femmes Ame bénéficient des congés de maternité. Les enfants des Ame ne sont pas oubliés, ils ne paieront plus les frais de scolarité.
Des efforts louables. Opportunisme politique ou réalisme ? Une chose est sûre, ces mesures annoncées sont effectives. Les AME très reconnaissants, espèrent toujours leur reversement pour parfaire la batterie de mesures sociales en leur faveur.
Victor Hugo a dit : << … Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne >> Plus loin il affirme : << … L’école est sanctuaire autant que la chapelle…>> L’auteur rappelle ainsi avec force les enjeux de l’instruction et la responsabilité immense qui pèse sur l’école. Tous les acteurs de la chaîne éducative béninoise, des décideurs aux parents d’élèves en passant par les enseignants sont tous conscients de celà.
Bonne rentrée 2024 – 2025 !!!
Ignace NATONNAGNON