Relations amoureuses entre enseignant et apprenante: entre amour et intérêt, le cas de l’UAC

Société

En République du Bénin, les textes punissent les relations amoureuses entre enseignant et apprenante. Ces relations, dans l’opinion publique, font souvent l’objet d’une vive polémique. Au-delà du cadre légal instauré par l’État et le regard de la société, cette pratique est loin doit être conjuguée au passé. Lors d’une descente de l’équipe de OXYGENE à l’université d’Abomey-Calavi, les déclarations et les avis sont diversifiés.

Entretenir une relation amoureuse avec un professeur ne dérange pas Olga. Pour l’étudiante à la Fast, tant que le professeur remplit ses critères et a une intention noble, rien ne l’empêcherait de s’engager. « Il n’y a pas de soucis selon moi. S’il est jeune, célibataire et prêt à m’épouser, je suis partante » a-t-elle déclaré. Son point de vue n’étonne pas Rikardo. Selon lui, une relation entre un professeur et une étudiante est « normale puisque les femmes ont tendance à se mettre avec les hommes qu’elles estiment les « surpasse » ». Leur point de vue est partagé par Jocelyn, à une différence près. Il ne s’agit pas de se baser sur des critères fallacieux, mais sur un objectif louable « aider son amoureuse à se dépasser et à réussir ». Pour le physicien de la Fast, « C’est celui qui aime aime, qui châtie bien. L’idée ne serait pas de favoriser son amoureuse, mais de l’amener à étudier comme cela se doit. Par exemple, au lieu de lui donner les épreuves ou de lui dire ce qui va sortir en examen, le professeur peut lui faire traiter des exercices ou l’obliger à apprendre les cours ».
Cette façon de penser ne fait pourtant pas l’unanimité. Pour une source anonyme, la relation amoureuse entre un enseignant et son apprenante entraîne forcément du favoritisme. « Il est impossible au professeur de voir sa chérie échouer et ne pas essayer de la racheter. La correction des copies en anonymat ne veut rien dire. Le professeur va toujours trouver un moyen de l’aider. Certains vont jusqu’à racheter toute la classe. Et ça, ce n’est pas du tout correcte » a martelé l’étudiant anonyme. Tout comme lui, une étudiante qui requiert l’anonymat définit la relation entre un professeur et une étudiante comme du « donnant-donnant » dont l’instigateur n’est autre que « l’étudiante paresseuse qui veut réussir sans fournir aucun effort ».

Toutefois, une relation entre un professeur et une étudiante ne prêterait pas à équivoque uniquement si les deux ne sont pas dans la même faculté « et que le professeur ne puisse exercer aucune influence sur le parcours académique de la fille. Par contre, si les deux sont dans la même faculté, il ne vaudrait pas mieux » a notifié une autre source anonyme. Ceci, pour éviter des suspicions de harcèlement. D’ailleurs, pour la plupart des étudiants, une relation amoureuse entre un professeur et une étudiante ne signifie en rien du harcèlement. Pour Cynelle, étudiante à l’Ecole nationale d’administration (Ena), il y a assez de moyens pour permettre aux étudiantes qui se sentent harcelées de se plaindre. « Nous avons des boîtes à suggestions à l’Ena. Les étudiantes peuvent se plaindre de façon anonyme. Il n’y a donc pas moyens de parler de harcèlement» a-t-elle indiqué. Elle a également souligné l’implication du consentement et de la majorité légale « tant qu’elle est majeure et consentante, ça ne pose aucun problème ». Une raison que réprime fermement la loi n°2021-11 portant mesures spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe et de protection de la femme.

Une loi trop dure ?
Les textes sont clairs au Bénin. Toute liaison amoureuse entre enseignant et apprenante est interdite. On ne veut pas savoir si l’apprenante est consentante ou non. En cas de relation amoureuse, l’enseignant s’expose à la peine minimum de 1 an. En cas de viol, la peine minimum est de 5 ans.

Les différents points de vue portent à croire que la loi est très sévère. En effet, selon la loi, aucune raison autre que le harcèlement ne saurait justifier une relation amoureuse entre un enseignant et son apprenante. « Toute liaison amoureuse entre un formateur ou un enseignant et son apprenant est interdite. Lorsqu’une liaison amoureuse est établie par des échanges ou comportements de quelle que nature que ce soit, des actes ou frais qui en caractérisent la réalité, elle est réputée consécutive à un harcèlement sexuel et punie des peines prévues à l’article 55l du présent code. En aucun cas, le consentement de l’apprenant ne peut être retenu » stipule la loi en son article 551-1. A bien y voir, la loi prend en compte un éventail plus large d’éventualités et se positionne comme une protection pour les jeunes filles trop naïves pour détecter les signes de harcèlement. À titre d’exemple, une étudiante victime raconte « au début, le professeur m’avait proposé de m’aider pour les révisions. Bien que réticente, le nombre que nous faisions m’a rassuré. Il y a avait également des hommes. Alors que les travaux d’études évoluaient, il s’est mit à me séduire. Il m’a fait rêver, je suis tombée amoureuse et les choses sont allées très loin. Ce n’est que lorsque je l’ai surpris avec une autre étudiante qu’il m’a avoué qu’il avait mis tout cela en place pour m’avoir. Je ne pouvais me plaindre à personne. Il ne m’avait pas forcé. Je n’avais aucune preuve. J’ai souffert en silence », a confié la victime. Tout comme elle, nombreuses sont les jeunes filles qui se font avoir par les tactiques « inoffensives et séductrices » des professeurs.

Les jeunes étudiants ne sont pas du reste. L’erreur serait de penser que cela n’arrive qu’aux filles. L’histoire de ce jeune étudiant en dit long. « Ça m’est arrivé une fois que mon enseignante me propose de me raccompagner chez moi. Naïf que j’étais, j’ai accepté. Au cours du trajet, nos discussions intéressantes m’ont fait me déconnecter de la route. Je m’étais retrouvé chez elle et elle m’avait demandé d’attendre pour prendre quelque chose. Ce n’est que lorsqu’elle s’est mise à me toucher que j’ai compris le danger » raconte t-il. Bien qu’il ait pu s’en sortir et retourner chez lui, « j’étais stressé et j’avais peur pour mes résultats. Heureusement, j’ai pu éliminer la matière » a-t-il ajouté.

En définitive, les relations amoureuses entre enseignants et apprenants doivent être bien considérées. Seule la motivation et l’objectif des partenaires peuvent déterminer l’existence ou pas de harcèlement sexuel. Les étudiants se doivent de s’armer de vigilance et de présence d’esprit pour éviter de se faire avoir.Suivez plus d’actualité en vous abonnant gratuitement à notre chaîne WhatsApp👇https://whatsapp.com/channel/0029VaDRmSrJJhzhSaGmWF2c

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Rubensia CODJOVI

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