Malgré les efforts des gouvernants et des organisations de la société civile au Bénin, les Violences basées sur le genre sévissent et freinent l’atteinte des ODD 5 et 6. À l’analyse, des dispositis juridiques et institutionnels sont mis en place mais l’application pose encore un véritable problème. Face à ce constat, l’Alliance droits et santé met en œuvre stratégie pour amener les décideurs à agir afin d’inverser la tendance. Ainsi, le vendredi 21 Novembre 2025, elle a organisé à Cotonou, un Café- débat en vue de plaidoyer pour une prise en charge holistique et intégrée des survivant.e.s des violences basées sur le genre (VBG). L’initiative a réuni plusieurs acteurs de la société civile et des leaders religieux autour des thématiques bien définies.
Par Dieudonné SODABI
Entre autres principales lois et dispositis institutionnels adoptés par le Bénin pour lutter contre les Violences basées sur le genre (VBG), le Décret N° 2012-228 du 13 août 2012 portant création, composition, attribution et fonctionnement des Centres intégrés départementaux pour la prise en charge des victimes des violences basées sur le genre (CIPEC-VBG). Malgré cette mesure, seulement 3 CIPEC fonctionnement sur les 12 prévus. C’est ce qui justifie ce plaidoyer initié par le réseau Alliance droits & santé à la faveur d’un café débat pour une prise en charge holistique et intégrée des survivant.e.s des VBG. L’initiative déroulée dans les 6 pays du réseau à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso, fait suite à une campagne régionale organisée dans le même cadre.
Elle vise à amener les décideurs à étendre les CIPEC-VBG dans les 12 départements du Bénin en vue d’une prise en charge holistique. <<Nous organisons ce café-débat pour clôturer cette campagne qui a été lancée depuis au moins deux ans dans tous les pays. Au niveau du Bénin, CERADIS avec les autres organisations membres de l’Alliance ont initié plusieurs actions dans ce sens>>, a fait savoir le Directeur exécutif de CeRADIS, Nourou Deen Adjibadé à l’ouverture du Café débat. Pour le Secrétaire technique de l’Alliance droits & santé, Hugues Landry Hien représentant la présidente du réseau, depuis 2013, les communautés ont été mobilisées à travers ce type de rencontre pour influencer les décideurs publics à placer ces thématiques de DSSR et de lutte contre les violences basées sur le genre au cœur de leur priorité
L’appel à un changement de paradigme
A la suite des interventions à l’ouverture du Café débat, deux panels ont été déroulés. Le premier portant intitulé « la prise en charge juridique des VBG au Bénin » a été présenté par présenté par Alexandrine Saïzonou Bédié, avocate au barreau du Bénin, Présidente de l’Association des femmes avocates du Bénin. Dans son développement, elle a souligné les lois et dispositis institutionnels mis en place par l’État béninois pour lutter contre les VBG. Pour l’Avocate au barreau, malgré ces mesures, des obstacles subsistent. Il s’agit entre, du défaut de l’aide juridictionnelle, de la non spécification des domaines d’intervention des organisations non gouvernementales. <<La question de l’aide juridictionnelle se pose. Jusqu’aujourd’hui, l’aide n’est pas opérationnelle. Notre combat est que l’aide juridictionnelle soit une réalité.>>, a-t-elle précisé.
Selon la Présidente de l’Association des femmes avocates du Bénin, les textes existent mais c’est l’application qui pose problème. Pour une prise en charge intégrée des survivant.e.s des VBG, l’Avocate Alexandrine Saïzonou Bédié a également invité les organisations de la société civile à changer de paradigme dans leurs interventions. <<Toutes les ONG ne peuvent pas faire la même chose. Il faut que chaque ONG se focalise sur des thématiques, sur des thématiques, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire en ce qui concerne les femmes et les enfants. La même ONG ne peut pas s’occuper des femmes et en même temps des filles, ou en même temps des enfants, des personnes handicapées et autres. Chaque problématique a ses réalités, a ses besoins. Il faut des accompagnements spécifiques pour chacune de ces personnes victimes>>, a-t-elle clarifié. Le deuxième panel intitulé « les VBG vues par la religion » a été présenté par l’Imam de la mosquée de Calavi Agori, El-Hadj Moutawakil Boukari Malik. Dans sa communication, l’Imam a mis l’accent sur les valeurs que prône l’islam pour préserver la dignité humaine et insisté sur la responsabilité morale des leaders religieux dans la sensibilisation des fidèles.

